Il y a des textes que l’on se passerait bien d’écrire. Mais la misère de l’époque est telle que nous ne pouvons pas rester muets, surtout quand des deux côtés de la barricade sociale on tente de nous convaincre de la banalité irréversible de toute révolte.
Du côté de l’État et de ses réformateurs, il s’agit d’une manière comme une autre pour nous pousser à l’obéissance : ne perdez pas votre temps avec les rêves, cela n’en vaut pas la peine, pensez au travail. Mais maintenant, face à un monde qui vacille enfin, ce sont ses propres contestataires qui soulignent cet aspect et qui invite tout le monde à se mettre au service des travailleurs qui supplient d’être exploités, des étudiants préoccupés de ne pas réussir à faire carrière, des immigrés qui ne demandent qu’à être régularisés… Si une situation sociale insoutenable hurle son urgence de révolte, si historiquement cette dernière a presque toujours trouvé des motifs futiles pour exploser, faut-il en conclure qu’il faut se dépêcher de mettre de côté les grandes idées et se contenter des petites banalités ?
Paradoxalement, l’État et un grand nombre de ses ennemis sont aujourd’hui d’accords sur un point : il faut renoncer aux désirs les plus fous pour veilleur sur les besoins les plus immédiats.
Voilà ce qui nous pousse à écrire ces lignes.
Parce que nous redoutions que, à force de se camoufler au milieu des autres, on finisse par renoncer définitivement à soi-même.
Contre tout réalisme, pour reprendre ces sentiers de l’utopie aujourd’hui abandonnés et bafoués, il est plus que jamais indispensable de s’éloigner de l’ombre projetée par la société. Il faut savoir reprendre les distances.
Il faut oser aller contre son époque.
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